dimanche 25 avril 2010

Le Royaume de l'Insolence, p. 40

Pour les Afghans, l’invasion soviétique constitue le plus grave défi de leur histoire , infiniment plus lourd de conséquence que l’expédition anglaise de 1842, les troubles civils de 1929 ou la famine de 1972. L’agression étrangère stimule leurs plus exaltantes qualités, leur amour de l’indépendance et leur abnégation devant la mort ; elle exaspère aussi leurs pires défauts, un orgueil égoïste exacerbé et une tragique incapacité de s’unir. L’Afghanistan survivra-t-il au choc en tant que nation ? Aux Afghans seuls de répondre. Une certitude : le poids de l’occupant a fait voler en éclats les fragiles structures de l’Etat fondé en 1747 et lentement modernisé a partir de 1919. Le pays en tant que tel s’émiette en factions, chefferies, vallées rivales. L’élite occidentalisée est morte en camp de concentration ou a fui à l’étranger. Demeurent sur le terrain les réalités sociales présentes lors de la naissance même de l’Afghanistan, il y a deux siècles : les solidarités ethniques ou tribales ; les hiérarchies villageoises ; l’islam.


Michael Barry, 2002.

1 commentaire:

Vos impressions et vos commentaires m'intéressent ! N'hésitez pas !