jeudi 5 février 2015

Le 10 janvier : la fête nationale du vodun

Cette année, le 10 janvier était un samedi, c'était donc l'occasion de passer la journée à Ouidah avec Théo et Lilia. Ouidah se situe à 40 km de Cotonou et il faut compter 1h par la route des pêches (voir article « De Cotonou à Grand-Popo : la route des pêches »). 


En 1992, les autorités décident de lancer le festival« Ouidah 92 », qui avait pour ambition de créer un pont entre les populations du Bénin et la diaspora outre-atlantique. Les volontés étaient de réconcilier et de partager un passé commun, la lourde histoire liée à l'esclavage grâce à un élément fédérateur, le vodun (ou "vodoun" en orthographe francisée, prononcé « vaudou »). Une autre raison était de créer une fête autour du culte vodun, toutes les autres fêtes du calendrier étant catholiques ou musulmanes.

Le festival « Ouidah 92 » a finalement eu lieu en 94 (d'autres sources citent février 93), à Ouidah donc, non sans symbolisme puisque Ouidah est considérée comme la ville de l'esclavage : c'est de là que sont partis des centaines de milliers d'hommes et de femmes. Cette première édition avait pour but non seulement la communion mais aussi la volonté de déculpabiliser les populations.
A la suite du festival, le 10 janvier est devenue une fête nationale, c'est-à-dire un jour férié. C'est la période des grandes cérémonies annuelles, et pour choisir la date, on dit même que les ancêtres ont été consultés. Depuis 94, cette fête a lieu tous les ans sur tout le territoire national.
Aujourd'hui, on parle plutôt de la fête des religions endogènes : le vodun est l’appellation de la pratique ancestrale dans le Sud. Au Nord, au Nigeria, ou ailleurs, il y a d'autres appellations pour ce culte.

L'histoire du vodun est liée à celle du royaume du Dahomey : en tant que royaume conquérant, ils ont hiérarchisés les cultes en créant une organisation des différentes inspirations. Le vodun est en fait un panthéon, où plusieurs branches cultuelles se mélangent, s'assemblent et s'éloignent.
Ces quelques photos et anecdotes ne sont qu'un léger aperçu de la richesse du culte vodun. Même les plus initiés n'ont pas accès à tous les savoirs ni à tous les rites traditionnels. C'est un vaste sujet qui mériterait d'être approfondi… plus d'une journée à Ouidah. 

SCÈNE 1 : Adeptes et spectateurs


Chacun (chaque groupe) vient avec sa divinité. Un groupe assis, comme ci-dessous, signifie être assemblés autour d'une seule divinité.





SCÈNE 2 : le fétiche

La statuette est un fétiche, qui a une fonction de représentation physique et symbolique : les fétiches sont des objets auxquels on confère un pouvoir. Seulement celui qui possède le fétiche peut savoir le pouvoir qu'il lui a donné. La seule certitude sur cette photo, c'est qu'il s'agit d'un pouvoir positif sinon le fétiche ne serait pas rendu public.




Le cercle blanc sert de prédisposition spirituelle au fétiche : c'est un moyen de recréer un environnement favorable lorsqu'il est déplacé. En effet, si on ne prend pas soin de matérialiser les conditions nécessaires, le fétiche peut émettre d'autres vibrations que celles prédisposées initialement, surtout pour les personnes qui l'ont sorti de son environnement habituel.  




INTERLUDE







SCÈNE 3 : Femmes adeptes qui dansent

Chaque divinité a ses chants, ses danses, ses prières, ses offrandes, ses attributs. Tout se célèbre en chant et en danse.





SCÈNE 4 : le prête 

Sous le chapiteau se trouve le « prêtre » du culte de lié à l'océan (chaque village a son prêtre pour ce culte). Le chapiteau, les ombrelles, les chaises, etc. signalent une délégation officielle. Le prêtre se nomme DAGBO HOUVON.



DAGBO =  aieul, ancêtre
HOU = océan
VON = propriétaire
= Il représente l'ancêtre en charge du culte de l'océan. 



SCENE 5 : culte THRON

Il faut distinguer les cultes endogènes, c'est-à-dire d'ici, des cultes venus de l'extérieur (exogènes). Le culte thron est arrivé il y a moins de 100 ans au Bénin depuis le Ghana. C'est aujourd'hui le culte le plus répandu car il est facile d'accès. C'est également un culte désordonné où chacun applique ses propres règles. Tout le monde (en quelque sorte) peut devenir chef de quelque chose à l'intérieur du culte thron, il suffit pour cela d'acheter le titre.

A l'inverse, dans un culte hiérarchisé, l'initiation nécessite un parcours d'apprentissage, puisque toutes les attributions sont codifiées (vêtements, danses, objets, offrandes, etc.).






INTERLUDE




SCÈNE 6 : Danseurs en transe

La transe signifie l'incarnation de la personne par l'esprit de la divinité.






Prosternation devant le chef (prêtre) de la divinité.




Ouidah, c'est aussi la mer...









... et une petite ville :





Avant de manger, on se lave les mains avec une bouteille d'eau savonneuse et une bassine.





Arrêt sur image


Voilà Mohammed, un touareg malien qui vient vendre ses bijoux sur les marchés. 

Cherchez l'erreur ;)


Rdv l'année prochaine pour le 10 janvier ! 
Remerciements à Théo pour ses précieuses explications !