Cette année, le 10 janvier était un samedi, c'était donc l'occasion de passer la journée à Ouidah avec Théo et Lilia. Ouidah se situe à 40 km de Cotonou et il faut compter 1h par la route des pêches (voir article « De Cotonou à Grand-Popo : la route des pêches »).
En 1992, les autorités décident de lancer le
festival« Ouidah 92 », qui avait pour ambition de créer un pont entre
les populations du Bénin et la diaspora outre-atlantique. Les volontés étaient
de réconcilier et de partager un passé commun, la lourde histoire liée à
l'esclavage grâce à un élément fédérateur, le vodun (ou "vodoun" en orthographe francisée, prononcé
« vaudou »). Une autre raison était de créer une fête autour du culte
vodun, toutes les autres fêtes du calendrier étant catholiques ou musulmanes.
Le festival « Ouidah 92 » a finalement eu lieu en
94 (d'autres sources citent février 93), à Ouidah donc, non sans symbolisme
puisque Ouidah est considérée comme la ville de l'esclavage : c'est de là
que sont partis des centaines de milliers d'hommes et de femmes. Cette première
édition avait pour but non seulement la communion mais aussi la volonté de
déculpabiliser les populations.
A la suite du festival, le 10 janvier est devenue une fête
nationale, c'est-à-dire un jour férié. C'est la période des grandes cérémonies
annuelles, et pour choisir la date, on dit même que les ancêtres ont été
consultés. Depuis 94, cette fête a lieu tous les ans sur tout le territoire
national.
Aujourd'hui, on parle plutôt de la fête des religions
endogènes : le vodun est l’appellation de la pratique ancestrale dans le
Sud. Au Nord, au Nigeria, ou ailleurs, il y a d'autres appellations pour ce
culte.
L'histoire du vodun est liée à celle du royaume du
Dahomey : en tant que royaume conquérant, ils ont hiérarchisés les cultes
en créant une organisation des différentes inspirations. Le vodun est en fait
un panthéon, où plusieurs branches cultuelles se mélangent, s'assemblent et
s'éloignent.
Ces quelques photos et anecdotes ne sont qu'un léger aperçu
de la richesse du culte vodun. Même les plus initiés n'ont pas accès à tous les
savoirs ni à tous les rites traditionnels. C'est un vaste sujet qui mériterait
d'être approfondi… plus d'une journée à Ouidah.
SCÈNE 1 : Adeptes et spectateurs
Chacun (chaque groupe)
vient avec sa divinité. Un groupe assis, comme ci-dessous, signifie être
assemblés autour d'une seule divinité.
SCÈNE 2 : le fétiche
La statuette est un fétiche, qui a une fonction de
représentation physique et symbolique : les fétiches sont des objets auxquels
on confère un pouvoir. Seulement celui qui possède le fétiche peut savoir le
pouvoir qu'il lui a donné. La seule certitude sur cette photo, c'est qu'il
s'agit d'un pouvoir positif sinon le fétiche ne serait pas rendu public.
Le cercle blanc sert de prédisposition spirituelle au
fétiche : c'est un moyen de recréer un environnement favorable lorsqu'il
est déplacé. En effet, si on ne prend pas soin de matérialiser les conditions
nécessaires, le fétiche peut émettre d'autres vibrations que celles prédisposées
initialement, surtout pour les personnes qui l'ont sorti de son environnement
habituel.
INTERLUDE
SCÈNE 3 : Femmes adeptes qui dansent
Chaque divinité a ses chants, ses danses, ses prières, ses
offrandes, ses attributs. Tout se célèbre en chant et en danse.
SCÈNE 4 : le prête
Sous le chapiteau se trouve le « prêtre » du culte
de lié à l'océan (chaque village a son prêtre pour ce culte). Le chapiteau, les
ombrelles, les chaises, etc. signalent une délégation officielle. Le prêtre se
nomme DAGBO HOUVON.
DAGBO = aieul, ancêtre
HOU = océan
VON = propriétaire
= Il représente l'ancêtre en charge du culte de l'océan.
SCENE 5 : culte THRON
Il faut distinguer les cultes endogènes, c'est-à-dire d'ici,
des cultes venus de l'extérieur (exogènes). Le culte thron est arrivé il y a
moins de 100 ans au Bénin depuis le Ghana. C'est aujourd'hui le culte le plus
répandu car il est facile d'accès. C'est également un culte désordonné où
chacun applique ses propres règles. Tout le monde (en quelque sorte) peut
devenir chef de quelque chose à l'intérieur du culte thron, il suffit pour cela
d'acheter le titre.
A l'inverse, dans un culte hiérarchisé, l'initiation
nécessite un parcours d'apprentissage, puisque toutes les attributions sont
codifiées (vêtements, danses, objets, offrandes, etc.).
INTERLUDE
SCÈNE 6 : Danseurs en transe
La transe signifie l'incarnation de la personne par l'esprit
de la divinité.
Prosternation devant le chef (prêtre) de la divinité.
Ouidah, c'est aussi la mer...
... et une petite ville :
Avant de manger, on se lave les mains avec une bouteille d'eau savonneuse et une bassine.
Arrêt sur image
Voilà Mohammed, un touareg malien qui vient vendre ses bijoux sur les marchés.
Cherchez l'erreur ;)
Rdv l'année prochaine pour le 10 janvier !
Remerciements à Théo pour ses précieuses explications !